Pourquoi perd-on ses cheveux ?


Est-ce normal de perdre des cheveux et dans quelle proportion ?

Dr Philippe Abimelec : La croissance du cheveu est cyclique avec une phase de pousse qui dure de 2 à 5 ans, une phase de repos et de chute qui dure environ 3 mois. Il est normal de perdre 30 cheveux par jour, mais la chute double en automne et au printemps, c'est la chute saisonnière. On a cependant l'impression d'une chute de cheveux beaucoup plus importante quand on ne se lave pas les cheveux tous les jours. Il ne faut pas seulement évaluer l'importance de la chute de cheveux quotidienne moyenne mais aussi la densité capillaire, le volume et la longueur maximale de la chevelure. Les femmes se rendent compte d'une chute de cheveux car elles perdent du volume, le diamètre de l'anneau qui permet de les attacher en queue de cheval devient plus petit.

Qu'entend-on par effluvium télogène?

Dr Philippe Abimelec : L'effluvium télogène est une chute de cheveux diffuse, importante (la traction douce d'une mèche de cheveux ramène plus de cinq cheveux) et passagère. Cet effluvium se produit normalement dans les semaines qui suivent l'accouchement et peut persister plusieurs mois. L'effluvium télogène peut aussi survenir après une fièvre élevée, une opération sous anesthésie générale ou la prise de certains médicaments (antidépresseurs ou anti-cholestérol par exemple). Une autre cause fréquente est l'arrêt de la pilule contraceptive.

Qu'est-ce l'alopécie androgénique?

Dr Philippe Abimelec : L'alopécie androgénique masculine se manifeste le plus souvent par une chute de cheveux qui prédomine au niveau des golfes (tempes) et du sommet du crâne, mais il existe des formes plus diffuses. L'alopécie androgénique féminine se traduit en général par une chute de cheveux diffuse, les formes localisées doivent faire rechercher un trouble hormonal. L'alopécie androgénétique féminine prédomine sur le sommet du crâne en respectant plus ou moins l'arrière, elle se remarque tout d'abord par une diminution du volume et de la longueur mais aussi par un cheveu dont la texture se modifie, avec un diamètre diminué et une longueur réduite. L'alopécie androgénique est d'origine génétique et hormonale, avec une susceptibilité particulière des cheveux sur le sommet du crâne. A noter que l'importance de l'alopécie androgénique est variable selon les personnes, allant de formes discrètes à sévères. Elle évolue souvent par poussées avec des périodes où l'on perd plus ses cheveux. Chez tout le monde, la perte des cheveux s'accentue avec l'avancée en âge. C'est ainsi qu'un homme sur deux a des golfes dégarnis à 50 ans.

Comment le dermatologue pose-t-il le diagnostic ?

Dr Philippe Abimelec : L'association d'une chute de cheveux chronique prédominant sur le sommet du crâne, localisée chez l'homme ou diffuse chez la femme, sur la durée, avec présence de petits cheveux fins et d'antécédents familiaux permet de suspecter fortement le diagnostic. Il faut éliminer les autres causes de chute de cheveux diffuses qui peuvent d'ailleurs s'associer à l'alopécie androgénique (changement de pilule, fièvre élevée, problème endocrinien, carence en fer ou en vitamine B12, prise médicamenteuse…). Une prise de sang est souvent nécessaire, en particulier chez les femmes. Le trichogramme permet de confirmer le diagnostic supposé dans les cas difficiles ou une pelade diffuse serait suspectée. Des échelles permettent de quantifier l'importance de la chute des cheveux. Chez l'homme, on utilise la classification d'Hamilton Norwood et chez la femme la classification de Ludwig ou de Savin. Plusieurs causes de chutes peuvent coexister, en particulier chez les femmes. Une alopécie androgénique peut être aggravée par un effluvium télogène lié à une carence en fer, à un dysfonctionnement de la thyroïde ou à une carence en vitamine B12 (en cas de régime sévère, de troubles alimentaires, de dénutrition ou d'anémie de Biermer), etc. Globalement, lorsque l'on est face à une alopécie, il faut éliminer la cause la plus fréquente qui est la chute saisonnière normale. Il existe d'autres chutes diffuses plus rares comme l'effluvium anagène. Cette forme est souvent évidente car la chute de cheveux est abondante, l'effluvium anagène survient dans le cadre de la pelade ou dans les suites d'une chimiothérapie. Citons également les alopécies cicatricielles qui sont souvent associées à des soins inadaptés chez les femmes à cheveux crépus (tresses à plat, brushing, fers chauds, chignon…) ou à des affections rares (folliculites cicatricielles, lichen plan pilaire, lupus érythémateux). Il faut aussi citer la trichotillomanie (habitude de frotter, tirer ou s'arracher des cheveux) qui peut être à l'origine d'une chute de cheveux de diagnostic difficile.

Quand s'inquiéter, quand consulter ?

Dr Philippe Abimelec : En présence d'une chute de cheveux qui semble excessive, il faut essayer de voir si une perte de volume, de longueur ou de densité peut-être objectivée. Il faut savoir se rassurer devant une chute saisonnière qui inquiète. S'il existe une cause évidente à une chute importante et brutale (grossesse, arrêt d'une pilule, opération récente, chimiothérapie), il faut savoir patienter plusieurs mois pour observer une repousse. Lorsque la chute de cheveux est chronique, on perd ses cheveux petit à petit et on ne s'en aperçoit que lorsque la chevelure est divisée par deux. A partir de ce moment, la personne concernée le remarque et pense que ce phénomène est arrivé soudainement. Alors méfiez-vous des fausses impressions ! L'existence d'antécédents familiaux pousse à un contrôle auprès du dermatologue afin d'objectiver une alopécie androgénique dont la prise en charge rapide permet la stabilisation. Devant une alopécie diffuse, le dermatologue jugera parfois nécessaire de faire un petit bilan de santé pour éliminer une carence en fer ou un problème de thyroïde. Le dermatologue conseillera au mieux les patients victimes de pelade ou d'alopécies cicatricielles plus rares. Les patients qui utilisent des soins inadaptés doivent essayer de modifier leurs habitudes avant d'envisager un traitement. * Le Dr Philippe Abimelec est dermatologue, ancien attaché à l'hôpital Saint-Louis et membre de la Société française de dermatologie.

source : http://www.e-sante.fr/pourquoi-perd-on-ses-cheveux/actualite/677

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire